Un projet : aller voir Hair à Toronto

Au début du projet, il n’était pas question d’une présentation du résultat de ces improvisations devant public, mais petit à petit l’idée fait son chemin et le Happening ontarien sera présenté au Grand Salon, avec pour objectif de s’exprimer certes, mais aussi d’amasser suffisamment d’argent pour aller voir Hair à Toronto, la comédie musicale dont tout le monde parlait.

« On était très jeunes […] on voulait raconter nos histoires et puis on ne s’inquiétait pas de savoir si l’auditoire était pour l’aimer ou non. Ça ce n’était pas une préoccupation. On voulait que les gens viennent mais s’ils ne venaient pas c’était correct […] On voulait surtout vivre l’expérience. On voulait faire de l’argent parce qu’on voulait aller à Toronto voir Hair. […] [11]
Anita Brunet
« Tout le monde en parlait. Hair était la pièce à l’époque. Je me souviens […] l’Université de Sudbury avait fait un marathon de danse pendant la semaine des froshs […] les nouveaux arrivants […] puis ils ont [fait] jouer « Let the Sunshine in » de Hair  […] Ça, c’est mon souvenir du marathon : c’est quand le soleil se levait ils ont [fait] jouer Hair […] le happening Hair a eu beaucoup beaucoup d’influence. Parce que si tu regardes les photos, tu sais, Yvon Besner avec son […] « affaire » autour de la tête, ça c’est du Hair ; c’est Hair pur craché quasiment […] Puis on était vraiment tous pas mal pauvres, donc c’est pas comme si on avait de l’argent pour aller à Toronto voir la pièce. […] Je pense on s’est dit : si on fait assez d’argent, on va aller voir Hair [rires]. […] [O]n s’est retrouvés dans les loges, tout à fait dans un coin. Les sièges étaient vraiment déplorables, mais tu sais, pour nous c’était important d’aller voir la pièce. Parce que, encore une fois, c’était le vécu à cette époque-là, c’était le sens qu’on avait besoin d’articuler […] [12]
Anita Brunet