Passer à l'action théâtrale
Le projet de La Troupe pour l’année universitaire 1970-1971 est clair : exprimer son identité franco-ontarienne et ce, dans une langue populaire qui soit la sienne : « WOW ! BEDING-BEDANG ! HOSTIE DE CALVAIRE ! MOUMAN ! »
L’article paru dans Le Lambda du 24 septembre 1970 explique le projet de la Troupe en proposant une « petite charade d’identification » qui, en conclusion, prend la forme d’une critique bien sentie à l’endroit du Département de français où « des profs européens s’acharnent à me déraciner en corrigeant ma prononciation, mon vocabulaire et ma pensée, et où ils achèvent de m’aliéner et de me dépersonnaliser. » Pour la Troupe, le théâtre sera le moyen privilégié pour répondre à la question QUI SUIS-JE ? Véritable manifeste, le texte se termine par un cri du cœur, en guise de signature : « MOLIÈRE GO HOME ! »
Cette injonction, véritable cri du cœur, annonce déjà la contestation et les revendications pour une offre de cours en littérature canadienne-française et pour l’abolition du cours obligatoire de diction, qui mèneront au sit-in devant le Département de français le 30 novembre 1970.
Sous la direction de Pierre Bélanger, la Troupe opte donc pour un théâtre qui s’inspire de sa réalité et s’exprime dans une langue populaire.
« Je pense que la prémisse de la création du spectacle en général, c’était de refléter la réalité du temps dans lequel on vivait . » [2]
Jean-Paul Gagnon
« [L]a démarche était que ça devait être naturel qu’on devait dire les choses comme on les aurait dites normalement et que ça devait être un langage tout à fait / commun / le langage que les gens parlaient normalement .» [3]
Denis St-Jules
Ce projet prendra la forme d’une création collective. Il s’agit là d’une rupture avec ce que la Troupe universitaire fait depuis sa création en 1963.