Une création collective : Moé, j’viens du Nord, ‘stie

Septembre 1970

Contestation et revendications sur le campus

À la rentrée de l’automne 1970, le climat est toujours tendu sur le campus de l’Université Laurentienne. L’atmosphère est à la revendication, entre autres pour une plus grande participation à la gouvernance de la population étudiante et du corps professoral. Le vendredi 18 septembre, alors que les étudiants et les étudiantes manifestent sur le campus, Robert Paquette, Gaston Tremblay et André Paiement partent pour Toronto. Ils y verront la comédie musicale Hair le 19 et le film 2001: A Space Odyssey de Stanley Kubrick le 20.

À leur retour, Gaston Tremblay et André Paiement entreprennent l’année universitaire en intégrant l’équipe du journal des étudiants francophones Le Lambda dont Robert Paquette est le co-rédacteur, et surtout ils se joignent tous trois à la Troupe universitaire.

Les membres de la Troupe de l’année universitaire 1970-1971

Mais qui sont ces jeunes qui, dès la rentrée de septembre, s’engagent dans l’aventure d’une création collective sous la direction de Pierre Bélanger, un jeune chargé de cours au Département de sociologie?

L’action théâtrale

Le projet de La Troupe pour l’année universitaire 1970-1971 est clair : exprimer son identité franco-ontarienne et ce, dans une langue populaire qui soit la sienne : « WOW ! BEDING-BEDANG ! HOSTIE DE CALVAIRE ! MOUMAN ! »

Octobre 1970

Les premières rencontres de la Troupe

Au moins une rencontre de la Troupe aurait eu lieu au mois de septembre, mais les premières notes conservées datent du 6 octobre 1970. Il s’agit de notes manuscrites du directeur Pierre Bélanger. Ces premières traces du projet nous apprennent qu’une réflexion sur le théâtre accompagne la première ébauche d’un scénario qui s’avère, dès cette rencontre, assez précis.

La première page du document daté du 6 octobre 1970 énonce de façon claire les principaux objectifs de la création collective, tant au point de vue des personnages, de la musique que de la méthode de travail.

Un projet de théâtre populaire

Le projet de La Troupe universitaire est donc celui d’un « théâtre populaire », qui veut s’adresser à « un public d’ouvriers et d’étudiants. » En lien avec ce qui se passe dans le monde du théâtre dans les années 1960 et 1970, la Troupe privilégie la création collective et une esthétique réaliste. Un article paru dans Le Lambda du 15 octobre 1970 confirme cette orientation : « [l]a pièce qui sera construite par les acteurs mêmes, veut illustrer la réalité que nous vivons aujourd’hui dans nos familles, nos paroisses, notre milieu franco-ontarien. »

Le travail sur le texte

Le dossier de genèse de Moé, j’viens du nord, ‘stie, c’est-à-dire tous les documents qui témoignent des différentes étapes de l’écriture que ce soit des notes, des manuscrits ou des tapuscrits, est incomplet.  De plus, la chronologie des différents documents et des différentes versions qui ont été conservées et retrouvées est difficile à établir puisque, à l’exception des notes du 6 octobre et du 7 octobre 1970, aucun document n’est daté. On a aussi beaucoup travaillé à partir de photocopies.

Il est pourtant possible de constituer un dossier de genèse à partir de tous les documents retrouvés dans le Fonds André Paiement, le Fonds Théâtre du Nouvel-Ontario et dans les archives personnelles de Pierre Bélanger. Ce dossier inclut principalement des notes manuscrites et des tapuscrits que l’on peut classer chronologiquement, en se basant sur les modifications apportées au texte et selon les indications manuscrites photocopiées ou non.

 

L’examen des différentes versions des tapuscrits permet de faire un autre constat : le texte qui a été publié est la troisième version de la pièce, mais il s’agit d’une version dont on a supprimé la dernière page. Cette page proposait une fin claire au scénario, soit que Roger prenait la décision d’épouser Nicole, renonçant ainsi à son rêve d’aller à l’université, et qu’il attendait le matin pour parler à son père dont il craint la réaction. Or, en supprimant cette page, la Troupe choisit de laisser la fin ouverte.

Le travail sur le texte se fait donc scène par scène, les comédiens s’investissant davantage dans leur propre rôle, le directeur de la Troupe jouant le rôle de metteur en scène, et chacun, finalement, participant à l’élaboration de l’intrigue et des dialogues.

« [L]e processus d’écriture c’était vraiment genre : Ah oui, ça c’est une bonne idée ! Ah non, on ne devrait pas écrire ça comme ça… Ouain, ce serait mieux si elle le faisait comme ça […] C’était des ratures, puis on changeait des choses, mais ça a été vraiment un processus d’écriture très très simple […] C’était comme un cri, un besoin d’écrire quelque chose […] » [14]
Thérèse Boutin
« [I]l y avait beaucoup de : monte sur scène… descend vers les sièges pour écrire… Tout se faisait en même temps, ça c’est sûr là qu’on faisait tout en même temps. Il n’y a pas eu un processus d’écriture ensuite un processus de livrer la marchandise sur scène. Ce n’était pas ça du tout. C’était vraiment un va-et-vient constant pendant quelques heures, à chaque fois qu’on répétait. Maintenant ce qu’André faisait une fois rentré chez lui avec les textes, ça, je le sais pas. Puis j’ai des images de quelques occasions où on était peut-être trois ou quatre à écrire en même temps […] dans le même cahier. » [15]
Thérèse Boutin

Le monologue de Roger

Les notes du 7 octobre annoncent un monologue d’ouverture où « Rog se présente en déambulant du fond de la salle » avec une musique « légère, claire, gaie » à l’image de Roger qui est « un peu désinvolte ».

Le monologue du père

Les notes du 7 octobre 1970 présentent la scène entre Roger et son père comme celle au cours de laquelle « se bâti[t] un conflit majeur ».

La scène des trois amis

Les scènes n’ont pas toutes été travaillées de la même façon. Pour la scène des « trois amis », il semble que l’essentiel du travail ait été fait à partir d’une improvisation des trois comédiens.

Notes

Téléphone

705-525-5606

Address

27, rue Larch
Sudbury, Ontario
P3E 1B7

Box Office

Notre service de billetterie est maintenant géré par la Place des Arts. Veuillez les contacter directement pour l'achat de billets.

La billetterie est ouverte du mardi au vendredi, de 9h à 17h et 2 heures avant le début des spectacles.