Centre de santé communautaire du Grand Sudbury (19, rue Frood)
Mercredi 20 mars de 18 h à 20 h 30, dans le cadre de la Journée mondiale du conte
En utilisant les techniques de la tradition orale ancestrale afro-antillaise, le chant, la musique et la danse, Djennie Laguerre transporte son public dans le monde merveilleux du conte haïtien. On travaille l’importance de personnifier sa voix de conteur, approfondir les caractéristiques des personnages et avoir une amorce qui attrape l’attention du public dès la première phrase… KRIK ? Et KRACK ! L’aventure commence.
L’Écritoire bricolée est possible grâce au soutien financier de Ontario Trillium Foundation et de Patrimoine canadien.
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Quelques textes...
Un banc
Claude Hurtubise
On n’aurait jamais cru que tu partirais si vite,
qu’un enfant que nous attendions avec tant de joie te laisserait sans vie.
Joyeuse, vivante, étincelante, ton jeu de cartes était fait pour le bonheur, le sport, l’amour, la bonté.
Le sang qui circulait en toi, ce sang qui circulait avec vigueur en toi, ce sang qui s’est trompé, qui s’est arrêté, subitement, sans appel, sans avertissement.
Souvenirs de rêves, souvenirs de demains à venir, souvenirs de souvenirs. Je me souviens, et je rêve encore.
Regardant ce lac où nos jours se sont mêlés, je vois encore ta lumière dans le reflet des vagues, ton sourire joyeux dans les ombres effacées du soir.
Je reviens souvent sur ce banc ou nous nous sommes aimés.
Je te contemple ici dans notre bonheur.
Dors bien sur ce banc, petit Jean, ta mère est en toi.
Inspiré par un poème en mémoire d’elle inscrit sur un banc le long d’un sentier qui mène au Lac Laurentien.
L’avarice de Iyoyi
Chantale Serresse
Il était une fois un homme très riche. Il était l’homme le plus riche de son village. Il était également l’homme le plus avare à telle enseigne qu’on le surnommait IYOYI signifiant » l’homme avare « .
IYOYI avait des maisons, des terres, des champs et des animaux domestiques. Mais IYOYI était unique par son caractère avare : Il n’avait ni femme ni employé, il exécutait lui-même tous les travaux domestiques et champêtres et il était fier de ne rien dépenser.
Un jour, dans l’accomplissement de ses travaux, IYOYI devait puiser l’eau du puits. Il prend le seau attaché à une corde et le laisse tomber dans le puits. Le seau rempli d’eau, IYOYI se met à le tirer vers lui. Il tire, il tire, il tire, mais le seau d’eau semble plus lourd que lui et du coup IYOYI tombe dans le puits. Surpris, il se met à pousser des cris d’appel au secours très violents :
– A l’aide, à l’aide! Je vais me noyer dans le puits. À l’aide!
Aussitôt, son voisin le plus proche accourt et lui tend la main en s’exclamant :
– IYOYI, donne-moi ta main que je te sorte du puits.
Mais IYOYI déteste le mot «donner», IYOYI déteste donner quoique ce soit et c’est avec retard qu’il finit par tendre sa main. Ce long temps de réaction lui a été fatal. Sans doute aurait-il survécu si son voisin lui avait dit » prend ma main « .
Les sages du village ont retenu que C’est bien l’avarice qui a fini par tuer le riche IYOYI.
L’étonnante sourde
Victorien Ndakass
C’est l’histoire d’une femme. Elle était sourde, tellement sourde qu’elle n’entendait rien. Tous les matins elle portait son enfant sur son dos et elle se rendait à son champ. Elle avait un immense champ d’arachides. Et un matin qu’elle était là, tranquillement à travailler dans son champ, arrive un monsieur. Un monsieur tellement sourd qu’il n’entendait rien. Et ce monsieur cherchait ses moutons. Ecoutez-bien ! Il s’adressa à la dame :
« Madame, je cherche mes moutons, leurs traces m’ont conduit jusqu’à votre champ. Est-ce que vous ne pourriez pas m’aider à les retrouver ? D’ailleurs, on les reconnaît bien mes moutons, parmi eux, il y a un mouton blessé. Madame si vous m’aidez à retrouver mes moutons, je vous donnerez ce mouton blessé vous pourrez toujours vous en servir. »
« Mon champ s’arrête la bas ! »
Mais elle, n’ayant rien entendu, rien compris, elle a pensé que ce monsieur lui demandait juste jusqu’où son champ s’arrêtait. Elle se retourna pour lui dire:
« Mon champ s’arrête là-bas. » Le monsieur a suivi la direction indiquée par la dame et par un curieux hasard il trouva ses moutons en train de brouter tranquillement derrière un buisson. Tout content il les rassembla et est venu remettre à la dame le mouton blessé. Mais celle-ci, n’ayant rien entendu, rien compris, elle a pensé que ce monsieur l’accusait d’avoir blessé son mouton. Alors elle s’est fâchée :
« Monsieur, je n’ai pas blessé votre mouton. Allez accuser qui vous voulez mais pas moi. D’ailleurs des moutons, je n’en ai jamais vus. » Le monsieur quand il a vu que la femme se fâchait, il a pensé que cette femme ne voulait pas de ce mouton mais qu’elle voulait d’un mouton plus gros. Et à son tour, il se fâcha:
« Madame, c’est ce mouton que je vous ai promis. Il n’est pas du tout question que je vous donne le plus gros de mes moutons. » Tous les deux ils se fâchèrent, ils se fâchèrent à un tel point qu’ils finirent par arriver au tribunal. Et le tribunal dans cette Afrique d’il y a longtemps, cela se passait sur la place du village, à l’ombre d’un grand arbre, l’arbre à palabres le plus souvent un baobab. Et le juge, lui qui était en même temps le chef du village il était là entouré de tout ces gens qu’on appelle les notables. La dame et le monsieur sont arrivés tout en continuant leur querelle. Et après les salutations c’est elle qui parla la première :
« Ce monsieur m’a trouvé dans mon champ, il m’a demandé jusqu’où mon champ s’arrêtait. Je lui ai montré et j’ai repris mon travail. Ce monsieur est parti et quelques instants après il est revenu avec un mouton blessé m’accusant de l’avoir blessé. Or moi je jure que des moutons j’en ai jamais vus. Voilà pourquoi on est ici monsieur le juge. » C’était au tour du monsieur:
« Je cherchais mes moutons, dit-il, et leurs traces m’ont conduit jusqu’au champ de cette dame. A cette dame j’ai dit que si elle m’aidait à retrouver mes moutons je lui donnerais un d’entre eux mais j’ai bien précisé le mouton blessé. Elle m’a montré mes moutons, c’est ce mouton blessé que je lui ai donné. Elle veut un mouton plus gros. Pensez-vous que je vais lui donner le plus gros de mes moutons à deux pas de la fête des moutons ? » Le juge se leva. Il était aussi sourd qu’un pot. Et quand il a vu l’enfant sur le dos de sa mère il a pensé qu’il ne s’agissait là que d’une petite querelle de ménage.
Alors il s’adressa au monsieur :
« Monsieur. Cet enfant est votre enfant. Regardez d’ailleurs comment il vous ressemble. A ce qu’il me semble vous êtes un mauvais mari. Et vous madame, des petits problèmes comme cela. Ce n’est pas la peine de venir jusqu’ici étaler ça devant tout le monde. Rentrez chez vous ! Je souhaite que vous vous réconciliiez. » Ayant entendu ce jugement, tout le monde éclata de rire. Et le rire contamine le juge, la dame et le monsieur. Que firent-ils ? Ils éclatèrent de rire bien que n’ayant rien compris. Et c’est à partir de là que le conte pose sa question : Le conte voudrait savoir, lequel de ces trois est le plus sourd ?
MORALE
Il vaut mieux ne pas se dépêcher de donner une réponse. On conseille quelque part en Afrique, d’avoir le cou aussi long que celui du chameau, afin que la parole avant de jaillir puisse prendre tout son temps.