La Fromagerie (80, rue Elgin)
Jeudi 27 juin de 17 h 30 à 19 h 30

Vous avez quelque chose qui vous chicote, que vous sentez le besoin de gueuler à tue-tête? Dans cet atelier d’écriture, ayant lieu la veille du 50e anniversaire des émeutes de Stonewall (ayant mené au mouvement Fierté/Pride), vous deviendrez activistes. Vous jetterez vos angoisses et vos espoirs sur papier en forme de textes engagés, destinés à être criés sur la place publique.

Un léger goûter sera servi. Cet atelier, présenté en partenariat avec Fierté Sudbury Pride, s’adresse autant aux curieux qu’aux passionnés d’écriture!

L’Écritoire bricolée est possible grâce au soutien financier de Ontario Trillium Foundation et de Patrimoine canadien.

 

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Quelques textes...

 

Antoine Côté Legault

Exercice sortir le méchant

La marde d’oiseau. J’ai pas signé in pour que ma vie ce soit le film The Birds d’Hitchcock cârrosse. Chaque jour que la cour est propre, se relève une nouvelle journée où des flaques de plus se répandent sur le patio, les chaises, leurs bras, le char. Les spécialistes appelent ça du guano. Guano mon cul! De la marde, c’est de la marde. Pis ça c’est sans compter le chat qui catche pas que la gravelle sur le bord de la maison, c’est pas sa litière. Lui-ci y’a ça une cervelle d’oiseau. Comment t’es supposé laver ça anyway? Qu’est-ce que tu fais avec tes guénilles une fois qu’elles sont souillées. Je me sens attaqué. Pis je me sens con de me sentir attaqué. Pis je trouve ça con de me sentir con. C’est con!

Blanc, noir, vert, mais jamais brun, pas capable de chier brun comme tout le monde les oiseaux han! À s’en casser le coco, à s’en fêler les dents. Pis arrêtez de piailler aux aurores, je veux dormir.

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Exercice ciblé sur une personne ou un enjeu en particulier

On va régler dequoi une bonne fois pour toute, ça l’a assez duré. Toi, ton règne, ton je-me-crois-tout-permis, de tout dire. Je me crois tout permis de tout faire. J’ai l’importance d’imposer de contrôler, de casser le monde, de les avoir à l’usure, coquille par coquille, carapace, par carapace. Le monde porte pas de freaking armure, ils ont quelque chose comme une petite carapace just to get by, laisse-les donc tranquilles. Poke-les pas avec un couteau, arrête de les picosser, laisse-les tranquilles. Moi-là, quand je me lève, j’ai juste envie de créer dequoi de beau, pis la première chose que je sais, c’est que je suis étranglé dans poitrine par la boule.

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Exercice ciblé sur une injustice sociale (1/2)

On te fait croire que t’es productif, on te donne des chèques, chaque deux semaines, pour t’acheter l’idée que tu produis, que tu es toi-même produit de ta productivité. Ah oui, qu’on l’achète. Ravale, parce que tu vaux ton pesant d’or. Dors dur, yeux bien fermés, épuisé d’aliénation, quand tu pourrais encore faire profiter ta société, ta communauté, de ce petit quelque chose que toi tu as. Ce petit je-ne-sais-quoi. Savoir, recevoir, écouter le monde, avoir les yeux clairvoyants, faire grandir le beau autour de toi. Mais tu as la main au fond de ta poche, accrochée à ta menotte de cuir, tu as ce contrat vert qui te rattache aux autres pour te faire croire, que ça c’est productif, que ça c’est pertinent, que ça ça vaut la peine, que ça ça vaut le coup. Éteins-toi à petit feu, sois la moitié de toi, non, moins que ça. Ne sois pas citoyenne, sois pas engagé, fais-toi engager. Et qui tu es, ton libre arbitre, te laisser caresser le cuir chevelu par le vent, sacre ça à poubelle.

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Exercice ciblé sur l’espoir (suite 2/2)

Résiste, sois la toune de France Gall. Crie qui tu es. Souvent. Crie ce que tu vois, ce que tu sens, qui sont tes oppressions, tes oppresseurs. Crisse des claque en arrière de la tête à ceux qui le méritent, peu importe combien ils pèsent. Fesse pas pour assommer, pour montrer que t’es là, pas faible. Crache à terre, en regardant droit dans les yeux. Fuck les appels à l’autorité, bats-toi, pour donner jusqu’au bout des ongles, pour partager, communier. Perds ton temps, en bonne compagnie, ne te laisse pas faire, sois fier. Arme le bonheur dans ta sarbacane et crache-le dans face du monde. Aie des confettis plein tes bobettes

Beau grand monde au complet, oyez le réveil du dragon, qui ne garde pas de princesse, qui allume des feux de Bengale pas polluants, qui tartine le ciel de la nuit d’une couche de sparkles. Oyez la folie grondante, qui n’a pas de limite, quand le roulis grimpera en raz-de-marée, ton argent ne te sauvera pas, ce sera nous tous, architecture humaine traficotricotée ensemble.

 

 

Marie-Pierre Proulx

On peux-tu juste arrêter de s’accrocher à nos impressions de vérité pis ouvrir les bras ? S’ouvrir, tout entier. Écouter. Regarder. Voir large.
Ça commence avec un Kid qui a tout’ pis qui veut rien partager. Pas ses legos. Pas son bicyc’. Pas même son lunch. Pis ça fini avec 1% de la population mondiale qui possède pis qui contrôle fucking toute, fuck. Bon, ça a peut-être pas commencé avec un kid. Mais c’est une image.

Moi j’suis pas dans le 1%. Mais, je suis fucking privilégiée pareil. Je veux dire, je commence le Iron Man de la vie ben des kilomètres avant ben d’autre monde. Pis devant moi, y’a c’te gang-là, qui ont commencé la course déjà assis dans une Lazy Boy sur le bord de la ligne d’arrivée, leur Buck-a-beer à la main. Ils regardent la file d’arrivée. Pis ils se rendent compte de rien. Ils ont même pas le réflexe de regarder derrière pour voir tout ceux qui sont essoufflés. Tout ceux qui ont les orteils en sang. Tout ceux qui tentent de mal et de misère de se relever pour la mille et unième fois. Parce qu’ils courent depuis des années. Ils sont nés, pis la course était déjà commencée fait qu’ils font ce qu’ils peuvent pour se rattraper.
On peux-tu juste crier STOP. On peux-tu juste sortir nos marteaux, nos râteaux pis nos pelles pour déraciner tout ce qui a poussé tout croche ? On peux-tu juste se déshabiller pis s’auto-crisser collectivement au compost ? On peux-tu juste devenir tous ensemble un grand jardin ? Redevenir des semences prêtes à germer dans un sol vierge. On peux-tu célébrer le fait qu’on est pas tous pareil. Qu’on vit ensemble dans toutes nos différences. Fuck ! Faisons une permaculture de nos vies ! Han ? Pourquoi pas ? Poussons ensemble en misant sur la diversité, la stabilité et la résilience de nos communautés pour former des relations symbiotiques.
Si ça marche avec les plantes pis les légumes. Pourquoi ça marcherait pas avec les humains ????

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RANT – sur quelqu’un

Les grosses compagnies. Ça compte tu? Pas grave, je personnifierai Coca-Cola. Ce maudit pas bon. Ce privatiseur, ce profiteur, ce méga polluant profiteur de son propre profit. Il peut porter différent nom aussi : Dasani, Minute Maid. Il essaie de se cacher le gros, mais on est capable de le trouver partout.
C’est un des grands, un des plus méchant. Du genre qui arrive dans ton coin pis qui casse tout ce qui t’appartient, et qui te demande des sous pour avoir accès à ce que tu avais avant son arrivée.
Il est même pas subtile, il a juste besoin d’attaquer les plus faibles. Pis pour se camoufler, se faire pardonner, il se fait transformer en figure religieusement célébré.
Joyeux Noël Père Noël!

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Droit – droit à l’eau

Droit à l’eau. C’est la base. C’est la vie. Sinon c’est refuser la vie à quelqu’un. Pourquoi cette personne en n’aurait pas le droit? Parce qu’elle est née malchanceuse dans un coin exploité et ignoré des riches (qui ne sont qu’1 % de la population?). Pendant qu’il y en a qui arrose leur asphalte – d’autres ont peine à s’abreuver. Si on pouvait se mettre dans les pieds des autres, si on pouvait vivre ce que les autres vivent, peut-être que là on serait vraiment prêt à faire des changements. C’est impensable – c’est ridicule. Franchement, si des extraterrestres venaient, ils n’y comprendraient rien :
« Mais ils sont fous ces humains. Ils se laissent mourir entre eux et ils ne font rien – que se fermer les yeux. »
Ouvrons-nous les yeux à la fin! Mais c’est tellement plus facile de baisser la tête et de poursuivre sa routine et oublier… Et y repenser quelques mois plus tard… Et se dire : mais qu’est-ce que je peux faire?
La solution : commencer par s’ouvrir les yeux. Après ça, je ne sais pas c’est quoi la solution… Mais faut commencer par s’ouvrir les yeux et se munir d’empathie. Une empathie ACTIVE pour vraiment combattre. Il faut commencer par faire des lois… Et faire respecter les droits établis.
Cesser les discussions et commencer l’action. Interdire les multinationales ou du moins leur modèle nocif. Interdire les corporations de privatisation.
Ça commence aussi par l’éducation – un éveil face à la réalité. Même si ça devient étourdissant et que tous les problèmes du monde semblent s’empiler sans solution.
Malheureusement je n’ai pas de solution, même si j’aimerais tellement en avoir.

 

 

Pascale Lemay

Le fucking composte. On peut tu toute faire au moins un effort? Me semble que c’est pas compliqué! Au lieu de lever le couvercle de ta poubelle, tu lèves le couvercle du composte! TA DA. FACILE!… Pis on peut bien chialer « qu’on en a pas nous, des pots de composte »… Bin, pas d’excuse – c’est tellement facile. Pogne-toi un pot. N’importe lequel. LITTÉRALEMENT n’importe quoi! (Même un contenant vide de bébé épinard en plastique). Fou le dans le congélateur – et voilà!… Faike là, si t’es pas capable de trouver la force d’ouvrir une porte de frigo PIS un pot de bébé épinard… Bin t’as des problèmes mon cher, pis c’est le temps d’arrêter ça, cette paresse-là!
Mais je pense que ce qui me frustre le plus c’est de voir qu’on parle parle parle de comment c’est important de penser à la terre…Mais qu’on n’est même pas capable d’ouvrir une porte de congélateur PIS une boîte de bébé épinard.
Parce que si t’as pas de grosse boîte verte de la ville… Bin prend une marche pour en trouver une!… Ça va te faire un service en même temps.

 

 

Bonjour ma p’tite madame
Anonyme

Chaque jour, même routine. Le balai va par-ci, par-là. La courtoisie se veut de saluer l’autre même si on a les oreilles branchées. Il me salue comme à l’habitude : « Bonjour ma p’tite madame. »
Je lui fais un petit sourire automatique et je continue mon trajet. Vraiment, ma p’tite madame ?! Je me demande si lui, il aimerait ça que je l’appelle le p’tit monsieur ? Franchement ! Ce n’est pas parce qu’il s’empiffre de stéroïdes qu’il peut se permettre de me parler de la sorte.
Oui, je comprends que tu essaies d’être poli car je te regarde en pleins yeux.
Je fulmine… J’aimerais lui dire : « Mon nom n’est pas ma p’tite madame, ni ma belle, ni ma grande, ni honey, ni sweetheart !!! »
C’est quoi l’affaire ? C’est quoi ces expressions qui parlent que du physique, du goût, de gentillesse ?
Le lendemain, il me redit la même chose : « Bonjour ma p’tite madame. »
J’arrête, j’attends, je souris et je repars. Il n’en vaut pas la peine. J’ai un malaise. J’ai envie de lui cracher de la confiture aux fraises comme un serpent qui jette son venin. J’ai le goût de l’envoyer se promener mais rien ne sort de ma bouche.
Puis enfin, le grand jour arrive. J’attends pour voir si ça se répète. Et oui, il me répète la même niaiserie comme à l’habitude. Il me dit : « Bonjour ma p’tite madame. » Je prends mon courage à deux main… et je réponds : « Bonjour Stéphane ! Mon nom est Diane. »

 

 

C’est à moi
Anonyme

Sans sourire, très sérieusement, indiscrètement, elle me demande : « C’est quoi ta note ? »
-Ma note ?
« Oui ta note, ton évaluation de maths ? »
-90. Pourquoi ?
« 90 ! Bitch »
Le p’tit nuage de dialogue apparait…. Bitch, vraiment, elle vient de m’appeler une bitche. Une bitche… C’est beau, eh ! pourquoi elle m’appellerait une bitch ? Je lui ai fait quoi à elle ?
C’est quoi son s – ti – fi de problème ?
Pourquoi est-elle si fâchée ?
Je lui partage une information personnelle, privée, qui ne regarde personne sauf moi… ma note. Plus jamais.