7 août, 2020 • Posté par Priscilla Pilon
Des nouvelles de nos artistes : Dillon Orr!
En attendant vous dévoiler ce que nous avons planifié pour vous cette saison, nous partageons avec vous des nouvelles de nos artistes. On cherche à savoir comment ils ont vécu ces derniers mois.
Nous débutons avec Dillon Orr, le nouvel adjoint à la direction artistique du TNO et metteur en scène de la pièce Le Club des éphémères, présenté au TNO en mars 2020 au tout début du confinement.
Se confiant à Jeffrey Kambou, stagiaire aux communications du TNO, Dillon nous parle de son récent déménagement à Sudbury, son envie d’explorer le Nord de l’Ontario, les changements à son mode de vie ainsi que de l’importance de ralentir et de prendre une pause.
Jeffrey Kambou : Comment avez-vous passé ces derniers mois, je sais que vous venez de déménager à Sudbury, avez–vous eu le temps de faire d’autres choses ?
Dillon Orr : Ça a forcé un ralentissement, dans le sens qu’il me restait 2 productions à faire cette saison, mais au lieu j’ai déménagé à Sudbury. J‘ai passé beaucoup de temps dans la nature, à la plage, à marcher dans les forêts, sur les roches à découvrir ce nouveau paysage sudburois, Nord ontarien que je ne connais pas beaucoup. Donc beaucoup de temps de réflexion, d’écriture et de lecture. Ça m’a vraiment fait du bien. C’est rare que j’aie ce temps-là.
J : Avez–vous eu la chance de vous pencher sur des nouveaux projets?
D : Non, je dirais qu’en début de pandémie j’ai complètement pris une pause de tout ce qui était artistique et je me suis concentré sur moi, sur cette réflexion et sur le ralentissement. Là je commence à faire de nouveaux projets à imaginer ce que serait le théâtre dans un nouveau monde avec cette nouvelle mesure et compagnie.
J : Comment arrivez–vous à garder votre créativité artistique ces temps-ci?
D : Comme ma fibre artistique?
J : Oui.
D : Je n’ai pas de réponse à cela dans le sens où j’ai volontairement pris une pause de création. Comme s’il y avait une force extérieure qui me forçait à prendre une pause donc je l’ai écoutée. Mais je pense que c’est de continuer à écrire, je traîne souvent un calepin et je note plein d’affaires que ce soit répondre à ce courriel, une réflexion ou une idée, ça a été de noter tout ce qui me passe par la tête.
J : Est-ce que sans cette pandémie vous auriez pris une pause?
D : Non, j’avais beaucoup de travail. Normalement, je ne travaille pas l’été, mais cet été a été un peu émincé. J’aurais dû terminer mes derniers projets en fin mai, début juin, à peu près là où je prends mes vacances d’été, mais là cette année ça à été un peu l’opposé, c’est en fin mai, début juin que j’ai repris un certain rythme.
J : Quel est votre coup de cœur artistique du moment ?
D : Une amie m’a envoyé un recueil de poésie, qui s’appelle NDN Coping Mechanism, Notes from the Field. Un drôle de titre. C’est un auteur poète queer autochtone de la nation Cree de la Saskatchewan si je ne m’abuse [NDLR : l’auteur en question est Billy-Ray Belcourt]. C’est un recueil de poésie qui aborde plusieurs sujets, notamment la politique queer, la politique identitaire aussi, il y a de la photographie, de la typographie dans ce recueil. C‘est quelque chose que je traine beaucoup avec moi parce que je peux l’ouvrir à n’importe quel page à n’importe quel moment pour redécouvrir cette parole–là.
J : Retour en arrière, avant la pandémie, quelle est la dernière pièce que vous avez vue ?
D : Que j’ai vu? Ça devait être au théâtre français de Toronto, au mois de février. Ça s’appelait, l’Exercice de l’oubli. Ça doit être certainement à Toronto, mais avant la pandémie je travaillais beaucoup.
J : Qu’est-ce qui vous manque le plus depuis le début de cette pandémie?
D : Les restaurants. Moi j’aime ça les ambiances des restaurants, jaser avec un serveur, une bonne bouffe, puis partager un repas avec des amis c’est quelque chose que j’adore faire. Je pense que c’est ce qui me manque le plus.
J : Quels sont vos plans pour le reste de l’été?
D : Je vais faire beaucoup de camping, flâner sur les plages, je vais rester à l’intérieur de l’Ontario, mais aller découvrir de nouveaux petits coins. L’île Manitoulin, je vais aller a Thunder Bay, puis au Lac–Supérieur et tout ça. Principalement le nord, parce que j’ai de la chance d’être dans ce coin-ci. Je me suis acheté un char récemment, une Jeep et je vais pouvoir dormir en arrière et y aller.
J : Vous allez explorer le nord de l’Ontario ?
D : Oh ya!
J : Est-ce que vous comptez faire un tour à Toronto ?
D : Non. Je n’irais pas dans les grands centres. J’aime beaucoup l’espace.
J: Si vous pouviez émettre un souhait pour le milieu artistique suite à la pandémie, ce serait lequel ?
D: Bien, veut veut pas, on travaille trop. On travaille énormément. C’est le milieu, mais c’est aussi les artistes. Il faut savoir se mettre des limites à nos façons de travailler. De se demander si ça vaut la peine? Tu sais des fois on fait des grosses semaines et on se casse la gueule. On a la chance de faire le plus beau métier du monde ce qui rend facile de faire du « overworking » parce qu’on aime tellement ce qu’on fait. Mais je nous souhaite d’adopter un rythme plus lent. Non seulement à la création, mais à la production aussi. Parce que des fois, travailler 20-25 heures semaines, c’est bien en masse, je trouve ça correct.
Moi je souhaite beaucoup de ralentissement. Je trouve que tout va trop vite tout le temps. C’est important de mettre dans son horaire un temps pour ne rien faire. De prendre le temps de ne rien faire. J’ai beaucoup appris ça pendant cette pandémie et j’en suis extrêmement reconnaissant.
J: Avez–vous une recommandation quarantaine?
D: Je fais beaucoup de solo dance party dans mon appartement, parce qu’une autre chose qui me manque beaucoup c’est danser. Donc je mets de la grosse musique, je tamise les lumières et j’y vais. Ça a été l’fun. Parce que je trouve que danser c’est bon pour la santé mentale, puis c’est bon pour toute, donc je recommande à ce que tout le monde danse.
J: Donc on se fait des groupes Zoom et on danse ensemble ?
D: *rires* J’aime mieux danser quand il n’y a personne qui me regarde !