4 décembre, 2020 • Posté par Priscilla Pilon
Des nouvelles de nos artistes : Michel Ouellette!
Alors que la première saison du projet Voies/x ouvertes tire à sa fin (il ne reste plus qu’UN épisode!), Jeffrey Kambou, notre stagiaire aux communications, s’est entretenu avec Michel Ouellette, l’auteur de Sombre divan!
Le dernier épisode de ce laboratoire théâtral radiophonique sera diffusé à l’émission À échelle humaine ce samedi matin sur les ondes d’ICI Radio-Canada PREMIÈRE. Pour réécouter les 9 épisodes précédents, consultez le site de Radio-Canada.
Jeffrey : Est-ce que c’est votre premier projet pour la radio?
Michel : Non, il y a très longtemps j’avais fait un petit projet à Radio-Canada. Je ne me rappelle plus en quelle année, mais j’avais fait un court texte qu’on m’avait demandé à ce moment-là.
J : C’est comment d’écrire pour la radio ?
M : C’est très intéressant. C’est assez particulier parce qu’à ce moment-ci bien c’est à la fois travailler pour la radio, mais c’est surtout travailler un texte d’une manière inhabituelle pour moi puisque c’est un texte en développement. D’habitude, je ne travaille pas de cette manière-là. Je travaille de manière plus condensée, je dois travailler en fragments donc ça nécessite de nouvelles approches.
J : En écrivant est-ce que vous tentez de vous adapter au format radio?
M : Je ne pense pas que je me soucie énormément du format radio, mais en même temps je suis conscient que ça doit passer par là donc j’essaie de penser en termes de proposition d’habillage sonore pour distinguer les différences scènes du texte donc il y a cet aspect-là. Je sais que ça s’en va vers un univers sonore. Ça devient intéressant parce que ça ajoute une couche dans l’écriture symbolique au niveau de la sonorité.
J : Dans cet environnement pensez-vous continuer à travailler dans le radio-théâtre?
M : Oui bien, le côté radio-théâtre ou théâtre audio, personnellement je trouve ça intéressant, ce serait quelque chose à explorer. Je ne détesterais pas poursuivre des explorations dans ce sens-là. Mais ça dépend combien de temps cette pandémie va empêcher l’activité théâtrale habituelle. Ça vaut la peine d’explorer cette possibilité artistique.
J : Chaque semaine, un nouvel épisode de cette série est diffusé à la radio, comment trouvez-vous ce processus d’écriture ?
M : Bien à chaque semaine, je relis ce que j’ai fait auparavant et j’essaie de voir où je m’en vais, qu’est-ce que je fais. Au fur et à mesure que les choses avancent, les idées, les choix se précisent. Mais on dirait que vers la fin ça comment à être plus angoissant. C’est toujours plus difficile de trouver la fin, de conclure les histoires.
J : Puisque c’est diffusé chaque semaine, est-ce que ça vous a donné de nouvelles idées, ou avez-vous gardé la même idée de départ?
M : Non, à chaque fois il y a quelque chose de nouveau qui arrive, qui s’ouvre, des choses qu’on ne voyait pas. Parce qu’il y a une période de pause donc ça a le temps de se déposer un peu et quand ça repart il y a d’autres possibilités qui s’offrent.
J : L’histoire est aussi racontée dans le désordre, comment cela affecte l’écriture du texte ?
M : Bien c’est, comme je l’ai dit au départ, c’est déstabilisant. Mais être déstabilisé parfois ça nous amène à trouver différentes solutions, différentes façons de faire. Et c’est ce qui m’intéresse dans le projet pour l’instant. C’est vraiment de découvrir : « bon, on va essayer ça pour voir ce que ça donne ». Je suis conscient que le texte qui se développe en ce moment, ne va être qu’une étape d’écriture. Après l’expérience radio, il va y avoir un autre travail à faire. Un autre moment d’écriture où je vais devoir ramasser tout ça et voir comment redonner une plus grande cohérence à l’ensemble.
J : Pourquoi le titre Sombre divan ? Est-ce que c’est vous qui avez choisi le titre?
M : Oui, dès le départ, j’avais l’idée d’un divan, comme étant un objet scénique et je m’intéressais de travailler à partir de cet objet-là. Trois jeunes adultes, un divan. C’est un peu le concept initial et là j’aimais bien l’idée de sombrer dans le divan. C’est aussi un objet dans lequel on s’enfonce littéralement, on se repose. C’est le contraire de l’action.
J : Est-ce que vous avez l’occasion de discuter avec les autres collaborateurs pour leur donner et recevoir de la rétroaction?
M : Oui, on a eu des sessions de discussions. Ce n’est pas fait de façon continue, mais à chaque fois que j’ai l’occasion d’en parler avec eux bien ça me confirme certains choix et parfois ça me permet de me remettre en question certains aspects du texte.
J : Comment est-ce de créer dans cette ère de COVID?
M : Jusqu’à maintenant pour moi ce n’était pas si mal. C’était une période assez stimulante sur le plan de la création. Je ne sais pas pourquoi, c’est peut-être ce climat d’enfermement, d’instabilité, qui fait que je me sens plus stimulé, qui fait que j’ai plus travaillé pendant ces 6 derniers mois. Je pense que c’est peut-être lié au sentiment d’angoisse, lié à la pandémie. On se demande tous quand on va sortir de cet état-là. On dirait que pour moi en tout cas cette angoisse-là, par l’écriture, ça devient une période assez intéressante au niveau de la création. J’ai toujours beaucoup écrit, mais on dirait que je me sens plus stimulé d’une certaine façon. Peut-être un sentiment d’urgence lié à tout ça.
J : Est-ce que vous pouvez voir où s’en va le texte?
M : Oui, je suis en train de travailler sur les derniers épisodes et je vois les différentes possibilités, mais comme je disais tantôt c’est un peu difficile de faire les choix qui vont arriver à la conclusion nécessaire, mais je comprends que ce n’est peut-être pas à ce moment-ci que les choses seront définitives. Donc il me reste à aller aussi à une sorte de fin, ce sera une fin temporaire et il y aura un autre moment d’écriture ou je pourrais resserrer tout ça puis trouver une fin plus juste.