17 novembre, 2020 • Posté par Priscilla Pilon
Des nouvelles de nos artistes : Miriam Cusson!
Comme notre prochaine mise en lecture, Aéroportée, arrive déjà à grands pas, nous avons cru bon de poursuivre notre série Nouvelles de nos artistes en compagnie de Mriam Cusson, qui fait la traduction libre du texte de Matthew Heiti (on va lui parler plus tard cette semaine!) et qui incarnera son rôle principal.
En discutant avec Jeffrey, notre stagiaire aux communications, Miriam discute de jardinage, de son soudain intérêt pour la musique classique et d’enseigner le théâtre à distance.
Jeffrey : Comment avez-vous passé le temps ces derniers mois ?
Miriam : Je continue à travailler sur certains projets, dont la traduction d’Aéroportée pour le TNO, mais j’ai aussi fait beaucoup de jardinage. J’ai construit une petite serre, donc je suis très contente de ça.
J : Oh ! Que jardinez-vous ?
M : Légumes et fleurs, mais j’ai un potager biologique. Je fais des expériences, tout a bien fonctionné, je suis très contente de ça.
J : Est-ce une nouvelle activité?
M : Non, je fais du jardinage depuis environ 5 ans, mais à cause des conditions particulières j’ai beaucoup de temps pour m’investir là-dedans. C’est beaucoup plus ambitieux que d’habitude.
J : Justement, à cause des conditions particulières, qu’est-ce qui vous manque le plus depuis le début de cette pandémie ?
M : C’est drôle, je parlais justement de ça ce matin. C’est d’être dans une salle de théâtre, de musique avec des gens qu’on connaît et qu’on ne connaît pas non plus, partager une expérience sensorielle en direct avec une gang. C’est ce qui me manque le plus. Le théâtre me manque beaucoup.
J : Retour rapide avant la pandémie, quelle a été la dernière pièce que vous avez vue ?
M : La dernière pièce que j’ai vue c’était Les Monologues du vagin à l’Université Laurentienne, dont j’ai signé la mise en scène, pour le Centre Victoria pour femmes. C’était 4 jours avant qu’on commence à tout fermer. Le dernier show était le 10 mars. On était assez choyé de cette expérience-là. Ce qui était malheureux c’est que je n’ai pas pu voir la pièce du TNO, mise en scène par Dillon Orr. Quelques jours plus tard, je devais aller voir Le Club des Éphémères, mais on a tout annulé. Je l’ai manqué, c’est une bonne excuse ça n’est-ce pas?
J : Ben oui ! Avez-vous eu l’opportunité de travailler sur des projets personnels pendant ces derniers mois ?
M : Oui, donc il y a la traduction de la pièce de Matthew Heiti au sujet d’Amelia Earhart, Aéroportée, mais il y a également un projet que je développe avec Sarah Gartshore en ce moment, on a un peu travaillé là-dessus. Je fais encore certains contrats, mais j’ai été un peu choyé, car mon travail a toujours été portatif. Donc je peux me déplacer, puis faire mon travail au téléphone ou via internet. Ça fait des années que je travaille comme ça, mais ça a définitivement changé depuis certains mois.
J : Avez-vous un coup de cœur artistique récent?
M : Récemment. Non. Depuis le début de la pandémie, j’ai du mal à expliquer pourquoi, j’écoute beaucoup de musique classique. Ça me semble assez approprié, grave et dramatique pour la situation. J’ai beaucoup de difficulté à me pencher sur des œuvres en ce moment et apprécier leur résonance. J’apprécie beaucoup la musique classique en ce moment et dans tous les genres, de Beethoven à Wagner, Dvorak, c’est curieux.
J : Est-ce que c’est quelque chose que vous comptez continuer à faire ?
M : En fait, j’aimerais beaucoup me remettre à lire pour le plaisir. Ça fait très longtemps que je ne l’ai pas fait à cause du travail. Il y a une grosse pile de livres que j’aimerais dévorer très bientôt. Et aussi j’ai eu la chance récemment de faire un laboratoire qui s’appelle Director’s Lab North. C’est pour les metteurs en scène. C’était 3 jours en ligne et j’ai découvert plein de metteurs en scène et artistes qui font de l’art digital et j’aimerais beaucoup fouiller là-dedans parce que j’ai énormément apprécié mon expérience.
J : Comment conservez-vous votre créativité artistique?
M : J’essaie de me donner des défis, je ne veux pas dire chaque jour, car ce ne serait pas vrai. Mais c’était de continuer à écrire au moins quelques fois par semaine. Depuis quelques semaines, je suis des cours de chants avec ma sœur. On travaille avec une musicienne sudburoise DarlenYa, et puis DarlenYa elle vient nous rejoindre et on fait des cours ensemble. C’est très joyeux, pour garder les muscles de la création un peu huilés, juste pour sortir un peu du quotidien. Donc vraiment rester branché avec moi, mon outil en tant qu’artiste, alors on fait ça au moins une fois par semaine.
J : Vous donnez également un cours de théâtre à l’université, est-ce que vous avez une stratégie pour enseigner le théâtre par Zoom?
M : Oui ! Je reviens à Director’s Lab North, j’ai vraiment pu apprécier Zoom comme un outil de création et d’enseignement et pas juste comme un site de rencontre. Ça m’a vraiment étonné et surpris, je ne m’attendais pas à ça, mais j’ai eu plein d’informations et d’expérience. La plateforme devient vraiment un médium créatif, alors j’ai l’intention d’exploiter ça et aussi de respecter les étudiants parce que je ne pense pas que ça va être évident pour tout le monde, parce qu’il nous manque cette connexion fondamentale qui est intégrale au théâtre, le face-à-face. Alors ça va être une découverte.
J : Si vous pouviez émettre un souhait pour le milieu artistique suite à la pandémie, ce serait lequel ?
M : Je pense que c’est un peu quétaine peut-être, mais quand même garder un peu et d’espoir et ne pas oublier que ce n’est pas les premières fois qu’on a dû prendre un recul des salles de théâtre. Il y a des moments où on doit quitter, céder la place et savoir qu’on va revenir sur les planches un jour et ensemble dans cette salle. Ça, j’y crois, puis dans le fond il faut s’accrocher à ça.
J : Est-ce que vous avez une recommandation quarantaine ?
M : Le plus possible, allez en forêt. Trouver un coin de forêt ou de verdure et aller s’oxygéner à l’extérieur c’est tellement important, moi ça m’a vraiment sauvée pendant tout ça ici.
J : Vous faites beaucoup de randonnées?
M : Oui, chaque jour. Comme je l’ai dit, j’ai la chance d’être en campagne donc c’est différent, mais je fais ça chaque jour. C’est ce qui me garde de bonne humeur et sainte d’esprit.